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17/04/2009

L'Allemagne contre le maïs OGM.

La question des OGM vient encore de rebondir en Europe avec l’interdiction par l’Allemagne, contre l’avis de la Commission européenne, du maïs transgénique MON810 : ainsi, c’est le 6ème pays de l’Union européenne qui refuse la culture de cet OGM sur son territoire, comme le signale (avec regret, semble-t-il…) le journal « Le Figaro ». Une fois de plus, d’ailleurs, la communauté scientifique elle-même est divisée sur l’innocuité et l’intérêt des OGM : pour certains, les OGM ne présentent aucun risque et ont même l’avantage d’éviter l’usage d’insecticides, pour d’autres, au contraire, le danger repose sur l’absence de recul quant aux conséquences ultérieures pour la santé et sur la présence même de pesticides dans les plantes OGM.

 

En fait, se focaliser sur ce seul débat sanitaire (qui n’est évidemment pas négligeable) empêche de voir les vrais débats et problèmes soulevés par les OGM et leur culture.

 

Les OGM, par la dispersion des pollens, se diffusent partout, au gré des vents et des cours d’eau, y compris là où ils ne sont pas souhaités, contaminant des espèces sauvages et des cultures classées « bio » : du coup, cela déstabilise les écosystèmes et, même, entraîne la disparition d’espèces végétales naturelles, remplacées par des espèces moins « sauvages »… Mais cela a aussi une conséquence inattendue, c’est que le « pollueur », propriétaire du brevet de l’OGM contaminant, a des droits (propriété industrielle oblige !) sur les champs et les cultures qu’il a contaminé par ses plants OGM : la jurisprudence nord-américaine est tristement formelle sur ce point, comme l’a montré ce retentissant procès canadien d’il y a quelques années, au grand dam des agriculteurs, condamnés parce qu’avaient été relevés des traces d’OGM dans leurs propres cultures pourtant non-OGM !

 

Ainsi, le « vivant » devient véritablement une simple « propriété industrielle » entre les mains de quelques multinationales de la recherche et de l’industrie agroalimentaire : voilà le vrai scandale et le vrai danger, au-delà de tous les débats sur les qualités ou défauts sanitaires des OGM…

 

Quant à la Commission de Bruxelles qui rappelait il y a quelques mois encore que la législation européenne n’autorisait pas un Etat ou une région à « geler » la culture d’organismes génétiquement modifiés, position confirmée par la Cour européenne de Justice le 13 septembre 2007, elle se retrouve maintenant fort ennuyée et, en fait, attend désormais le lendemain des élections européennes du 7 juin pour réagir… Au fait, pourquoi « après les élections ? »…

08/04/2009

Cryptocratie européenne.

Dans deux mois tout juste auront lieu les élections européennes qui, pour l’heure, n’intéressent pas grand monde, semble-t-il : les journalistes eux-mêmes avouent que ce thème n’est guère porteur et qu’ils en parleront au dernier moment, en somme un mois avant, ce qui ne laisse guère de place à la réflexion et aux débats, au contraire de la campagne référendaire de 2005 sur la Constitution européenne…

 

Pourtant, les thèmes de l’Union européenne, de sa définition, de sa construction, de ses ambitions, de sa place sur la scène internationale et aussi dans nos vies quotidiennes, etc., ne sont pas anodins et méritent d’être sérieusement étudiés, débattus, critiqués parfois.

 

Or, à entendre les commentateurs politiques, ces élections vont se jouer une fois de plus sur des thèmes plus politiciens et nationaux que sur les thèmes qui pourraient sembler naturels au regard de l’assemblée qu’il s’agit de remplir… Et pourtant ! Cette campagne électorale des européennes doit être l’occasion de poser les « bonnes » questions sur « l’Europe » et, dans le cas des royalistes français, d’évoquer la dichotomie entre cette Europe légale, symbolisée au plus haut point par la Commission européenne, technocratique et éloignée des citoyens, et l’Europe réelle, celle des Etats, des souverainetés, des « proximités ».

 

L’Europe légale est actuellement cette « machinerie » aux mécanismes complexes, si complexes même qu’ils entretiennent un trouble permanent quant à la compétence des institutions les unes par rapport aux autres et surtout par rapport aux institutions propres des Etats et aux citoyens eux-mêmes. D’ailleurs, le principe de subsidiarité, mis en avant dans le débat référendaire de 1992 sur le traité de Maëstricht, est aujourd’hui complètement oublié et, en tout cas, si peu évoqué que l’on pourrait croire qu’il n’a rien été d’autre que l’argument électoral d’un moment à défaut d’être une réalité concrète ! Or, ce principe, cher aux monarchistes qui l’ont souvent utilisé jadis dans leurs argumentaires sur la décentralisation politique en France, aurait mérité un autre sort : mais son abandon, au moins dans la pratique et les débats européens, montre bien l’hypocrisie d’un système qui, par le biais d’une démocratie représentative qui n’admet pas (ou de très mauvaise grâce…) la démocratie directe (symbolisée par le référendum) ou, même, la démocratie des terroirs et des quartiers, tend à confisquer, non pas tellement ou seulement la parole politique, mais la décision politique (y compris celle des Etats) au profit d’une forme de « cryptocratie » informelle.

 

Le terme « cryptocratie » (qui désigne d’ordinaire un « Pouvoir caché aux yeux d’autrui ») peut sembler excessif si l’on considère que les décisions de la Commission européenne ou les directives européennes sont évidemment rendues publiques et lisibles sur quelques sites institutionnels. Mais pourtant, au regard de l’opacité des motifs de décisions et des procédures de débats et de vote au Parlement européen, ainsi que le peu de publicité accordée par les médias aux travaux des institutions européennes, le terme semble s’imposer naturellement aux citoyens et aux observateurs, mais aussi à quelques politiques qui constatent de plus en plus la réduction de leur rôle à une simple gestion d’un système qui « décide pour eux » et soumis de plus en plus au contrôle de la Cour de Justice européenne ou de celle des Droits de l’Homme. Ces institutions judiciaires européennes apparaissent d’ailleurs comme les « arbitres » des débats et des décisions politiques, au risque de mettre en place une sorte d’ « Europe des juges » qui serait, par ses arrêts, au-dessus même de ceux qui sont les législateurs désignés par le vote quinquennal à l’Assemblée bruxello-strasbourgeoise et des Etats rassemblés dans l’UE.

 

L’Europe légale réalise ce que les Etats rêvent parfois de faire alors que les décennies passées leur ont imposé, sinon une transparence totale (qui, d’ailleurs, serait tout aussi dangereuse que l’opacité, à ne pas confondre avec le secret ou la discrétion…), du moins une large publicité et une soumission apparente aux désirs versatiles des Opinions publiques. La Commission européenne échappe aux regards trop appuyés, sans doute parce qu’elle est trop « lointaine » ou se présente comme « la gouvernance » de L’Europe, et non comme un gouvernement, ce dernier terme impliquant évidemment, dans nos régimes contemporains, une certaine forme de contrôle exercé par les électeurs ou par les citoyens (je ne confonds pas les deux termes car ils recouvrent deux réalités politiques différentes). Cet « éloignement » de la Commission n’est pas une simple stratégie de sa part, il est constitutif même de la Construction européenne comme le confirment les écrits de Jean Monnet et ce que l’on a appelé la « méthode Monnet » : il suffit pour s’en convaincre de se souvenir de la genèse de cette fameuse déclaration Schuman du 9 mai 1950 dont certains veulent faire l’acte de naissance de « l’Europe », ce qui n’en est que plus logique… et révélateur !

 

10/11/2007

La Commission européenne contre les pêcheurs.

La Commission européenne vient de déclarer que les aides annoncées par le président Sarkozy aux pêcheurs du Guilvinec étaient « incompatibles avec la réglementation européenne » parce qu’elles seraient en contradiction avec les conditions de la libre concurrence… En somme, pas de solidarité nationale possible parce que les lois du Marché ne souffrent aucune remise en cause : ainsi, meurent les pêcheurs bretons pourvu que les règles du libéralisme économique soient respectées… Cette logique terrible, qui ne souffre visiblement aucune exception, me révolte et m’enrage : doit-on l’accepter sans coup férir ? Sûrement pas, et il ne me choque pas, de fait, que la colère des pêcheurs sacrifiés à la logique d’un libéralisme oublieux des hommes se transforme en une violence contre les symboles d’une Union Européenne qui se moque des peuples : que brûlent des drapeaux bleus étoilés, ces chiffons du « désordre établi » selon l’expression du personnaliste Emmanuel Mounier, ne serait que la réponse logique à la violence froide, légale et réglementaire d’une Commission arrogante et si peu humaine.

 

Mais cela ne sera qu’une vaine révolte si elle ne cherche pas une expression politique qui soit aussi « fondatrice » et pose les bases d’une nouvelle politique d’Etat, affranchie des oukases du « tout-économique » et susceptible de garantir les droits sociaux des citoyens et des travailleurs. En somme, le combat à mener est un combat tout à la fois « indépendantiste français » et « social » : il me semble que, loin d’être inutile ou retardataire, ce combat est une nécessité, tournée vers une conception de l’avenir qui ne se replie pas sur une conception étriquée et fataliste d’une Europe-carcan mais bien plutôt sur l’ambition d’une France libre au sein d’une grande Europe confédérale, de cette « maison » qui comprend aussi la Russie et ne raisonne pas en simples termes comptables… Je suis bien certain que c’est un langage que ne peuvent pas comprendre les « nains de Bruxelles », ces eurocrates pour qui j’éprouve un mépris qui n’a rien de feint…

 

Il y a quelques années, j’avais avancé, dans deux articles parus dans « L’Action Française », des propositions concrètes et réalistes pour assurer l’avenir et la pérennité de la pêche française : je garde espoir, aujourd’hui encore, qu’il est possible de faire vivre cette activité, en particulier sur nos côtes bretonnes. Mais il semble bien que la Commission européenne soit désormais un obstacle à cette politique de sauvegarde de la pêche artisanale… Une nouvelle chouannerie des gens de mer pourrait bien voir le jour contre une Commission européenne trop libérale pour être vraiment humaine…